En février 1990, la pluie provoque d'importantes inondations du haut Rhône dans l'Ain, la Haute-Savoie, la Savoie, le Rhône et l'Isère. La population locale n'avait alors aucune conscience de l'ampleur du risque. Pour comprendre les mécanismes de cette perte de la mémoire des inondations, les témoignages sont mis en perspective dans une analyse historique et sociologique du rapport entre les riverains et le fleuve. Jusqu'à la deuxième moitié du 19e siècle, de Bellegarde à Lyon, le Rhône est lié à une multitude de métiers (N&B). Les grands aménagements hydroélectriques, de la fin du 19e siècle aux années 1980 - usine de Cussey, barrage de Jons (N&B), Génissiat (N&B), Chautagne, Belley, Bregnier-Cordon et Sault-Brenaz - et la disparition des activités rurales provoquent ensuite une désaffection progressive du milieu fluvial. Entrent en contradiction la gestion des barrages, le rôle de zones naturelles de débordements du fleuve dévolu aux terres agricoles et marécageuses, la protection de la ville de Lyon, les constructions de digues. Ainsi pour transmettre la mémoire d'une crue centennale, il faut rapprocher les riverains autour de leur fleuve afin de le gérer collectivement de l'amont à l'aval.